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^90 LA NOUVELLE REVUE PRANÇMSE

-M.. Romains a don.né une idée juste en l'étudiant en sa plus petite et en sa plus insignifiante dimension. La partie de notre ■existence qui .es:t créée par les àomiaa'es est aiîolie non quand nous-mêmes, riMiis quand ces itoîiimes sont aboJàs. L'iroaMnae •crée incessamment, et non pas seulem^eat par ila;génératioii, l'étîie d'autres hommes.

L'art unanimistc consistera à x:om prendre, à époiaser, à -pous- ser le plus loin possible ce procédé créateur. D nous imontrera, dans soTi acte le plus complet et le plus haut, une consoienjce •d'artiste Ciréanî de la vie -unanime. Et pour créer cette vie, il faut nécessairement tromper les hommes. Ainsi que Renan aimait à le dire, on ne sort de la vie individuelle que par luiae duperie, une pia Laits de la divinité, .une mystification plus ou moins transcendante. Pas d'Etat, pas d'armée, pas d'école sans bourrage de crâne. Qui veut la fiii v^eut les moyens. Et les moyens, le Bourse Régénéré, les Copains, Doupgoo Tonga nous les indiquent largement : c'est la mystification créatrice.

Un bourg médiocre et plat est régénéré parce qu'un gi'apto ■excitant et subversif s'y lit quelques jours sur un urinoir. Les Copains, c'est-à-dire l'école xmanimiste consciente et organisée, ^emploient leur ven^e active et kur mystifica.tion savante à créer ou à détruire assez littéralement des groupes et des villes. Il ne faut pas être manchot pour reprendre en Auvergne la tradition ■de Jules César, construire Ambert et détruire Issoire. Et l'un des Copains, le génial Lamendin, construira pai' les mêmes puissances de suggestion, la ville de Donogoo Tonga.

La mystification apparaît ici comme un raccourci des puis- sances qui sont à l'œuvre plus lentes et plus mêlées dans la vie sociale. Renan se plaisait à voir dans le démiurge un type dans le genre des Copains à Ambert et à Issoire-; et, 'devant 'Cette mystification, la sagesse consistait pour lui à n'être pas dupe, la vertu à faire semblant d'être dupe. M. Romains, qui est, comme l'était Renan, agrégé de philosophie, a placé avec beaucoup d'ingénieuse hardiesse sa littérature unanimiste sut un axe cosmique. Les Copains sont un livre profondéniem rabelaisien, mais, si Bmiiagmel demeure chez nous une des bibles des gens ■de bien, il a tellement cessé d'influer de façon vivante sur notre littérature que l'on comprend mal les œuvres qui en descendent. A l'étranger elles sont plus appréciées. Je n'ai pas été très sur-

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