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APERÇU DE LA PSYCHANALYSE

��Toute la saison dernière, Einstein a été, chez nous, furieusement à la mode. Philaminte et Bélise s'en sont donné à cœur joie. Elles ne vous tendaient point l'assiette de petits fours sans vous mettre en demeure de choisir entre la relativité généralisée et la relativité restreinte. Et des gens qui auraient eu beaucoup de peine à définir le carré d'un nombre vous disaient, d'un air désabusé : a Mainte- nant qu'Einstein a démontré que tout est relatif... »

Cet hiver-ci sera, je le crains, la saison Freud. Les « tendances refoulées » commencent à faire, dans les salons, quelque bruit. Les dames content leur dernier rêve, en caressant l'espoir qu'un interprète audacieux y va découvrir toutes sortes d'abominations. Un auteur dramatique dont je tairai le nom, a déjà — voyant poindre la vogue — trouvé le temps d'écrire et de faire refuser par plusieurs directeurs une ou deux pièces nettement freudiennes. Je lui conseille de les corser un peu et de les oifrir d'urgence au Grand-Guignol. Enfin les revues spéciales, après avoir, pendant vingt-cinq ans, omis de constater l'existence de Freud, se donnent le ridicule de le découvrir, de discuter hâtivement ses thèses, ou, ce qui est plus touchant, de les admettre comme la chose la plus naturelle du monde.

La niaiserie de tels engouements ne mériterait pas d'être signalée une fois de plus, s'il n'y avait là qu'un travers de la bonne société. Ces petits accès se renouvellent périodi- quement chez nous depuis trois siècles, à la manière des épidémies de grippe ; et cela tient moins, sans doute, au

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