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REFLEXIONS SUR LA LITTÉRATURE

��MALLARME ET RIMBAUD

11 m'arriva d'écrire ici, il y a quelques mois, qu'on pouvait discerner, à la pointe extrême de la littérature actuelle, une influence de Mallarmé et de Rimbaud. C'était à propos de la Suzanne de M. Giraudoux, dans l'île de laquelle se trouvait un rocher Rimbaud, et qui, en nageant une ou deux heures, eût pu découvrir, non loin de cette île, le pays de la Prose pour des Esseintes. Je fus repris avec quelque sévérité. M. Georges Le Cardonnel assura, dans la Revue Universelle, qu'il n'en était rien, que ces gens-là n'intéressaient que quelques maboules, et que je voyais la littérature française de l'observatoire d'Upsal, dans des verres taillés par André Gide.

L'article avant été traduit en allemand dans la Revue Rhénane, le Journal m'accusa de bourrer le crâne des Rhénans avec ces fariboles. Comme beaucoup de gens de goût, et même de grands écrivains, continuent à croire que les noms de Mal- larmé et Rimbaud ne correspondent qu'à une mystification montée dans ce qu'on appelle les cénacles, il n'est peut-être pas inutile de revenir sur ce sujet, non pour de vaines polémiques, mais en vue d'honnêtes précisions.

Pour ce qui regarde Mallarmé, il faut bien s'entendre sur sa place et son influence actuelles. Il est certain qu'on ne l'imite plus, et que, durant le bref laps où ils sévirent, ses imi- tateurs furent parfaitement ridicules. On peut (cela se défen- drait) juger un écrivain d'après son rayonnement de clichés et sur sa capacité d'être imité. Les grands classiques du xviie siècle ont été imités servilement pendant plus de cent ans. Victor Hugo l'était encore au début de ce siècle. Les maîtres du sym-

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