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NOTES 22 5

Amour, de tons les biens que dispense ta fraude, En est-il de plus vains que les plus désirés ? Depuis que sur ces bords, misérable, je rode, Les ombres m'ont défiguré.

Eurydice, Eurydice, est-il vrai que la Parque T'a ravi la beauté que tu tenais des dieux, Et que l'ajfreux nocher t'emporte dans sa barque, Implacable et silencieux f

]e te retrouverai pensive et reposée ;

Jamais printemps plus beau n'aura lui sous le ciel, Et ta frêle beauté, par l'amour reposée. Rendra jaloux les immortels.

Le livre se clôt sur une Ode à Psyché, réponse à l'appel fameux de M. Charles Maurras « Où sont les sources de la joie ? » Pour M. Jacques Reynaud elles sont aux flancs ensanglantés du Gol- gotha. 11 le proclame sur un mode grave qu'il définit lui-même

ainsi :

Théologie et haute foi ;

Mais pour les contraindre à ma loi

Il me faudrait ton a me, â Dante...

Si étranger qu'on puisse être aux sentiments qui font vivre cette poésie, on ne restera pas insensible à la gravité sévère de ces chants noblement retenus.

En revanche, je n'éprouve aucun embarras à déclarer mon aversion pour la fadeur pieuse des propos de dames patronesses ou les confidences d'ex-adolescents inquiets qui ont introduit dans les sacristies, avec leur « sensibilité frémissante », style Chambre hlatiche, les béguineries à la Rodenbach, les cousines de M. Francis Jammes, et leurs oncles planteurs. Il y a beaucoup trop de tout cela pour mon goût dans les poésies de M. René Salomé. Si j'étais catholique, rien ne me choquerait davantage que cette manie de prêter au langage de la foi ces petites minau- deries, ces couleurs désuètes, ces tons démodés. Les choses qu'il aime bien, auxquelles il croit ferme, comment un vrai poète en peut-il parler comme d'antiquailles touchantes, et non comme de réalités vivantes et qu'on tâche à faire vivre.

ROGER ALLARD

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