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2^8 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

cordance » précise fort à propos la version du même récit ou sa transposition chez Esope, chez Phèdre, dans les Mille et une Nuits, chez La Fontaine. En rcHsant ainsi, affublés d'une cer- taine couleur locale, empreints d'une ambiance, d'une senti- mentalité particulières, des apologues qui nous sont familiers, nous ne pouvons que nous initier par une voie prompte et sûre à la pensée indienne, qui, si elle n'a point créé de toutes pièces ces récits, les a toutefois présentés à sa propre image dans tant d'œuvres auxquelles elle s'est complu : la Brhatkathà et le Paû- caiantra brahmaniques, les Avadàvas elles Jâlakas bouddhiques, sans compter les Purânas sectaires et les fables jainas de Pùr- nabhadra. N'est-ce pas déjà, en effet, à l'utilisation qu'il a faite de ces apologues, que le Bouddhisme fut redevable de sa rapide propagation à travers l'Asie, notamment dans cette Chine qui nous a si fidèlement conservé, traduits dans sa langue en des circonstances et à des dates dont la précision importe si fort à l'histoire, ces traits d'une sagesse vraiment collective et d'autant plus humaine, composée à la fois d'humour et de naïveté ? Madame Chavannes et l'Association Française des Amis de l'Orient rendent, par cette double publication, non seulement hommage à une illustre mémoire, mais service à l'histoire comparée des civilisations.

p. MASSON-OURSEL

« *

��LE COURRIER DES MUSES.

L'ironie permet de souffrir en public. Les soirs de pluie, les soirs de tristesse, des cafés toujours pleins de gloire entr'ou- vrent doucement leurs portes. Les amis sont assis autour d'un guéridon de stuc. Des mots s'envolent dans la fumée des cigares.

— Prométhée, s'il vous plaît, donnez-moi un peu de feu du ciel...

Le beau temps n'est plus des cafés littéraires. Aujourd'hui, quand les poètes vont au café, ils laissent leur lyre au vestiaire, pour ne pas se faire remarquer, et n'écrivent plus à l'encre v^rte de l'absinthe qu'imitent mal des liqueurs de consolation. Apol- lon s'est noyé dans les miroirs infidèles où les filles du Parnasse

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