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380 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Dieu, — ainsi le corps qui est là, veut atteindre à une possession entière de soi-même, et à un point de gloire surnaturel... Mais il en est de lui comme de l'âme, pour laquelle le Dieu, et la sagesse, et la pro- tondeur qui lui sont demandées, ne sont et ne peuvent être que des moments, des éclairs, des fragments d'un temps étranger, des bonds désespérés hors de sa forme...

Phèdre. — Regarde, mais regarde !... Elle danse là-bas et donne aux veux ce qu'ici tu essayes de nous dire... Elle fait voir l'instant... O quels joyaux elle traverse !... Elle jette ses gestes comme des scintilla- tions !... Elle dérobe à la nature des attitudes impossibles, sous l'œil même du Temps !... Il se laisse tromper... Elle traverse impunément l'absurde... Elle est divine dans l'instable, elle en fait don à nos regards !...

Erv.kimaq.ue. — L'instant engendre la forme, et la forme fait voir l'instant.

Phèdre. — Elle fuit son ombre dans les airs !

SocR.'VTE. — Nous ne la vo\ons jamais que devant tomber...

��INTENTIONS

Intentions, qui paraît depuis le i^"^ janvier sous la direction de Pierre André-May, a publié une curieuse nouvelle de Georges Duvau : Fiançailles de Suiiinne, des contes ironiques de Maurice David, et, en guise de manifeste, quelques noms qui nous sont précieux. \oici un beau poème de Georges Chennevière :

FÊTES

Loin de la fête et des hètes cabrées, La lune attend, à la porte du ciel, La nuit promise et le sit^ne de Tombre.

-, Des lampes crues plaquent sur les visages

Un faux vernis, dont le reflet glacé Fait qu'ils ont l'air de sourire à des songes.

Foule foraine, embrasse l'encolure

Et ceins les flancs de l'aveugle monture

Dont l'clan fou nulle part ne s'achève.

Sur le poisson, la sirène et la vache, Sur le lion, le porc et le cheval, Délivre-toi du séjour et de l'heure.

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