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JAMES JOYCE 409

portance, que la pitié par exemple ou la curiosité scienti- fique. C'est surtout, naturellement, dans les monologues intérieurs des personnages et non dans leurs conversations que l'instinct sexuel et la rêverie erotique apparaissent : par exemple, dans le grand monologue intérieur de Pénélope, c'est-à-dire de la femme de Bloom, qui est aussi le symbole de Gè, la Terre. Dans ce morceau qui n'est pas un de ceux qui contiennent le plus de passages obscènes, les expressions toujours très crues, que les traducteurs français, sous le contrôle de l'auteur, ont choisies, correspondent très exacte- ment à celles du texte. La langue anglaise est très riche en mots et en expressions obscènes, et l'auteur d'Ulysse a puisé largement et hardiment dans ce vocabulaire.

L'autre point est celui-ci : pourquoi Bloom est-il juif ? C'est pour des raisons de symbolique, de mystique et d'ethnographie que je n'ai pas le temps d'indiquer ici, mais qui apparaîtront clairement aux lecteurs d'Ulysse. Ce que je peux dire, c'est que si Joyce a fait de son héros préféré, du père spirituel de ce Stephen Dedalus qui est un autre lui-même, un Juif, ce n'est évidemment pas par antisémitisme.

VALERY LARBAUD

Note. — Depuis que cette conférence a été faite, Ulysses (le texte anglais, naturellement) a paru, édité par la maison (f Shakespeare and C° » (sous la direction de Miss Sylvia Beach) 12 rue de l'Odéon, Paris (VP). L'édition, à tirage limité, et presque entièrement souscrite d'avance, a com- mencé à sortir le 2 Février 1922.

V. L.

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