Page:NRF 18.djvu/520

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

5ï4 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Que des songes du soir, votre sceptre reprit. Pure, et toute pareille au plus pur de l'esprit, Attende, au, sein des cieux, que tu vives et veuilles, Près de moi, mon amour, choisir un lit de feuilles, Sortir ireuihlant du flanc de la nymphe au cœur froid, Et sans quitter mes yeux, sans cesser d'être moi. Tendre ta forme fraîche, et cette claire écorce... Oh ! te saisir, enfin !... Prendre ce calme torse Plus pur que d'une femme, et non formé de fruits... Mais, d'une pierre simple est le temple où je suis, Où je vis. . . Car je vis sur tes lèvres avares !...

O mon corps, mon cher corps, temple qui me sépares De ma divinité, je voiulrais apaiser Votre bouche... Et bientôt, je briserais, baiser, Ce peu qui nous défend de l'extrême existence. Cette tremblante, frêle, et pieuse distance Entre moi-même et l'onde, et mon âme, et les dieux !...

Adieu... Sens-tu frémir mille flottants adieux ? Bientôt va frissonner le désordre des ombres ! L'arbre aveugle vers l'arbre étend ses membres sombres. Et cherche affreusement l'arbre qui disparait... Mon âme ainsi se perd dans sa propre forêt. Où la puissance échappe à ses formes suprêmes... Ldme, l'âme aux yeux noirs, touche aux ténèbres mêmes. Elle se fait immense et ne rencontre rien... Entre la mort et soi, quel regard est le sien !

�� �