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PREMIÈRE JOURNÉE A RUFISQUE

(FRAGMENTS)

��... Je me suis réveillé pendant l'appareillage de !a Pan- ioire. Mon premier sentiment a été celui de la fatigue et cette fatigue ne m'a plus quitté jusqu'au soir. Elle s'est incorporée à ma journée^ qui lui doit peut-être les cou- leurs fantastiques qu'elle a revêtues.

J'ai d'abord pris possession par mon hublot de cette matinée du vendredi 6 mai et de toutes les merveilles que le destin voulait bien mettre sur ma route.

La brise soufflait de terre ; sa force n'avait pas caJini avec le jour; mais le temps s'était nettoyé; plus de bou- caille, un soleil blanc et fort sur toutes choses.

Toutes choses, c'était d'abord une mer de plomb bouillant, terne et agitée ; c'était ensuite une demi- douzaine de cargos au mouillage, vers qui notre manœuvre nous dirigeait ; c'était surtout, là-bas, — objet de ma curiosité dévorante, — une côte plate, apparemment boisée, parsemée de constructions pâles, et cernée d'une plage fauve le long de laquelle le flot faisait courir de grands rouleaux d'écume.

Les cargos ont grossi, la côte s'est approchée ; j'ai alors distingué quantité de détails qui m'avaient d'abord échappé : tout un plumage de petites voiles carrées, qui filaient au ras de l'eau; des cotres un peu plus gros, cou- chés sur la lame ; et deux remorqueurs minuscules qui pagayaient de-ci de-là; leur cheminée maigre et sale se

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