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588 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Dupuy-Mazuel trouvent-ils la nôtre plus élégante et plus par- faite ? Ils n'ont pas craint, en effet, d'employer les plus mau- vaises tournures du style d'aujourd'hui. Que pensez-vous de Molière s'exprimant ainsi : « Il n'y a qu'un bonheur, voyez- vous, c'est l'amour... Etre pauvre, ignoré... avec, à côté de soi, une femme qui vous aime !... » Vous serez peut-être de mon avis : rien que d'entendre cet avec si élégamment placé, toute la pièce est par terre. Qu'est-ce que vient faire également, dans la bouche de Molière, cette allusion aux soi-disant découvertes de M. Pierre Louys ? « Mes confrères répandent toutes sortes de calomnies à mon sujet, et l'un d'eux, dernièrement, a même écrit que je faisais faire mes pièces par Corneille. » C'est du domaine d'une revue, cette allusion, et non d'une pièce sérieuse. Il est vrai que MM. Jean José Frappa et Dupuy-Mazuel nous ont prodigué leur esprit. Ils l'ont même prêté à Molière, qui n'en eut pas à ce point. Au tableau des jardins de Versailles, avant la représentation qu'il va donner au Roi, Molière joue une sorte de parade, dans laquelle il moque les personnages pré- sents et qu'il sait être ses ennemis. Le tour arrive de Desmarets de Saint-Sorlin, le modèle de Tartufe, paraît-il. Molière, sous les aspects d'un marquis de la cour, fait allusion au complot que Desmarets dirige contre lui. « ^ous pensez que sous l'impul- sion d'un pareil être, notre complot ne peut manquer de réus- sir. Tout est prêt et bientôt l'affaire ne va pas tardera... à démarrer !... ». On ne peut être plus fin. M. Paul Bourget nous a appris récemment que Louis XIV était incapable de juger du talent littéraire de Molière. Ce grand roi aurait peut-être mieux goûté cet ingénieux calembour ?

On pouvait vraiment faire une bonne pièce, avec un pareil sujet, la musique de Lulli mettant çà et là ses cadences vives et rapides ! Il aurait fallu M. Sacha Guitry.

Il faut nommer, dans l'interprétation, M. Vargas, qui a com- posé un Scaramouche très réussi, et M. Raoul Henry, dans le rôle de Louis XIV. On n'est pas plus royal par le physique et par les manières. Les gens qui veulent un roi, quand ils seront décidés, pourront s'adresser à lui. Ils ne trouveront pas mieux.

Madame Cora Laparcerie a donné à la Renaissance une excel- lente représentation d'Ampbytrioti. C'était parfait comme mise

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