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Personne n’est moins « intelligent » que Reverdy ; personne ne s’opprime moins pour arriver plus facilement à une perfection. Mais c’est un des plus rudes défricheurs de ces grands terrains que les poètes modernes ont conquis sur le néant.

paul morand


LE CYPRÈS ET LA CABANE, poèmes par Jean Lebrau (le Divan).

Qui voudra tracer un tableau de la poésie française depuis vingt ans, n’aura garde d’oublier l’Ecole du Divan, où règne un ton de fantaisie discrète et de romantisme contenu, à la fois tributaire de la grande mémoire de Moréas et des ombres charmantes de Toulet et de Pellerin. C’est ainsi que M. Jean Lebrau célèbre, d’une voix blessée mais paisible, les charmes de la mélancolie rurale, en un pays de vignes et de cyprès :

Le rosier refleurit qu’on avait cru mourant
Il suffit que l’enfant revienne lui sourire.
Et le vent rafraîchi qui dans les pins soupire
Agite par moments le beau chœur odorant…

Les stances brèves, les épigrammes descriptives ne souffrent pas les brisures de la ligne mélodique ou faux traits qui peuvent plaire dans un poème en forme de récit. Les genres mineurs ne vivent que de perfection.

r. a.


LES TENDRES AMIES, par Philippe Chabaneix (Librairie des Lettres).

Audacieux et frivole, M. Philippe Chabaneix est un poète de vingt ans qui assume une singulière originalité. Les trente-six pages de sa première plaquette ne contiennent ni trolley, ni cocktail, ni érotisme à la Lautréamont. Seulement, quelque part, « un couteau luit au fond d’un bouge » en l’honneur de Francis Carco. M. Philippe Chabaneix est un gentil disciple de Musset ; c’est peut-être une manière d’être un précurseur, quand aura tourné la girouette nommée « Esprinouveau ».

r. a.