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NOTES ■ 635

d'écrivains la camaraderie et la publicité remplacent-elles le travail et le talent ? Tout cela est peu inquiétant. On oubliera bien des poètes modernes et malgré leurs oeuvres, le dernier souvenir qui mp vienne à propos de la Poésie, c'est d'avoir entendu lire V Adonis de La Fontaine dans un cercle d'amis et de femmes charmantes.

Les subtiles causeries qu'André Gide a faites, dans la biblio- thèque du Vieux-Colombier, où Dostoïevski ne fut parfois qu'un « prétexte » à révélations psychologiques me permettent de croire que je peux parler encore d'une nouvelle touchant le « grand romancier russe », comme disent les journalistes.

Un télégramme lancé par les agences Havas et Radio annon- çait qu'on aurait découvert à Moscou dix manuscrits de Dos- toïevski, inconnus et inédits. Dix manuscrits de Dostoïevski ! Lui qui, toujours harcelé par la misère, vendait ses œuvres aux éditeurs, sitôt qu'il les avait écrites ! Une telle nouvelle pouvait sembler suspecte, elle est vraie cependant.

Dostoïevski est remis à la mode par la psychanalyse. Le Professeur Einstein est arrivé trop tard. C'est la saison dernière que les belles dames voulaient tuer le temps — celui-ci d'ail- leurs prendra sa revanche ! mais cette saison, daas les salons parisiens, chacun raconte ses rêves et quelqu'un les explique. On se parle tout bas d'actes manques, de refoulements ; les jolies femmes demandent timidement la clef des songes et chez une dame polonaise, savante et convaincue, un petit cénacle choisi se réunit parfois le soir, qu'on a surnommé déjà « le Club des

Refoulés ». GEORGES GABORY

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��LE CABINET DU DOCTEUR CALIGARI, au Ciné- Opéra; VOYAGE AU CENTRE DE L'AFRIQUE, au Gaumont-Palace.

Dès le début de Caligari, le public se voit prévenu que la forme absurde ou cubiste du décor tient à la folie du personnage qui l'imagine. Ce scrupule moral retire au film la plus grande part de son intérêt : le spectateur devrait croire jusqu'au dernier instant, comme dans V Incident an pont d'Owl Creek, que tout arrive: assassinats, enlèvement, sadisme.

Les décors cubistes sont d'ailleurs la partie la plus touchante

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