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LE CAMARADE INFIDELE 687

Ce reproche remue Vernois plus qu'il ne voudrait le laisser paraître :

— Raison de plus, dit-il, pour lui abandonner ce qu'elle a; c'est tout ce que je vous demande. En respectant son illu- sion — si tant est que ce mot soit juste — vous maintenez entre elle et moi un mur infranchissable. Ne dites pas qu'il vous serait indifférent de le voir tomber. Vous êtes trop perspicace pour ne pas discerner au premier coup d'œil qu'il n'y a pas d'autre tactique. Mais puisque nous désirons la même chose, pourquoi luttons-nous? Ne vaudrait-il pas mieux faire alliance ? Ecoutez-moi : je reconnais que j'ai eu tort de compter sur mes précautions au heu de faire simplement appel à votre bonne foi. Vous désirez ces lettres, eh bien prenez-les. La condition, je n'ai même pas besoin de l'énoncer : c'est que votre secret reste impéné- trable. Sommes-nous d'accord ?

Elle hésite un peu, puis dit :

— Soit.

Il prend les liasses qu'il avait sous son bras, mais s'arrête :

— Laissez-moi vous demander encore une chose. J'ai, plus que vous ne cro)'ez, le souci de ne pas vous nuire. Vous continuerez à surveiller les études des enfants ; mais persuadez M"^ Heuland qu'il est temps de conduire An- toine au lycée. Ce déménagement facilite bien des choses...

Elle l'interrompt :

— Vous voulez vous moquer de moi. Comme si vous n'aviez pas plus de crédit...

— Pas sur ce point. Elle invoque un désir de son mari...

— Et vous voilà coincé. Vous ne Lavez pas volé. Per- mettez-moi de rire.

— Tant qu'il vous plaira. Mais j'ai promis à ce petit de l'aider et je mettrai tout en œuvre pour lui tenir parole. Mon obstination peut vous paraître puérile...

— Plus rien ne me paraît puéril chez un homme qui manie le chantage comme vous le faites.

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