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6^S LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

que les mathémcitiques émoussent notre perspicacité dans les choses humaines...

— C'est vrai.

— Pourtant ce que tu en as appris ne suffit pas à expli- quer...

��III

��Le tort de M. de Pontaubault est de ne pas se trouver chez lui quand d'abord Vernois s'y présente ; et lorsqu'il le reçoit vers la fin de la journée, il ne comprend pas assez vite la détresse qu'il pourrait mettre à profit.

— J'aurais mauvaise grâce, dit-il, moi qui le premier vous ai parlé de ma nièce, à me plaindre de l'influence que vous avez prise sur son esprit. Ni votre bonne foi, ni votre délicatesse ne sont en cause. A mon âge on devrait savoir qu'auprès d'une jeune femme les paroles ont plus de prestige dans une bouche de trente ans que de soixante. Mon étourderie méritait une leçon que vous avez eu la courtoisie de ne pas me donner. Tout au plus pourrais-je invoquer le fait qu'à notre table les servitudes du comman- dement me forçaient à parler plus que vous ; les diffé- rences de nos points de vue, vous étiez donc celui qui les connaissait le mieux.

Malgré la protestation que soulève en lui chacune de ces phrases, Vernois reste réfugié dans le silence du plus rigoureux garde-à-vous ; et M. de Pontaubault s'énerve un peu, sentant que la guérite où les subordonnés mettent leur amour-propre à l'abri des offenses, leur fournit du même coup une retraite où la persuasion ne peut les poursuivre.

— Vous savez, reprend-il, les sentiments que j'ai pour M™^ Heuland, sentiments plus particuliers que ceux qui me lient à mes autres nièces. Elle est plus que ma filleule, presque ma fille. Nous nous sommes toujours entendus à demi-mot. Je retrouvais en elle, avec plus de relief et

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