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NOTES

��LITTÉRATURE GÉNÉRALE

QUATRE-VINGT-UN CHAPITRES SUR UESPRIT ET LES PASSIONS, par Alaw (Camille BlochJ.

Ces notes d'un philosophe ont naturellement un caractère plus abstrait et plus schématique que les autres propos d'Alain. Elles laissent une impression fort originale : Alain, comme la plupart des philosophes, ne parle jamais de lui, et cependant, quand il écrit, nous nous sentons beaucoup plus en présence du sujet qui pense que de l'objet qui est pensé. La pointe de son discours dessine une figure de philosophe plutôt qu'une philo- sophie, plutôt surtout que de la philosophie. Quand on a fini le livre, on sait bien qu'on a pensé avec l'auteur, mais on sait assez mal ce qu'on a pensé. On a eu avec un homme intelli- gent, et surtout vivant, une conversation excitante, mais dont il ne reste guère que cette excitation même. — Guère ? Que vous faut-il donc ? Socrate n'en laissait pas davantage. — C'est vrai. Mais Alain est peut-être plus anguleux que Socrate, et surtout plus dogmatique. Il a bien raison de dire, dans son avant-propos, que les polémiques ne m'instruisent pas. Ne faudrait-il pas en excepter les polémiques qu'on soutient contre soi-même, et qui instruisent au moins une personne ? C'est en celles-là que Socrate était maitre. Alain ne cherche pas l'assen- timent d'autrui, et c'est une force. Mais, dans une de ces belles et robustes solitudes d'esprit à la Suarès, il est, comme il le dit dans son épigraphe, le dieu qui géométrise. Il est philosophe comme Suarès est poète. « Si ce livre, écrit-il, tombait sous le jugement de quelque philosophe de métier, cette seule pensée gâterait le plaisir que j'ai trouvé à l'écrire, qui fut vif. » Il ne faudra donc pas qu'il soit lu et jugé par M. Chartier. Ces

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