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NOTES 745

poète français, ressemble à tout, sauf à un distique latin. De sorte que dans ce livre si agréable à lire, ce qu’on se garde de lire c’est Ovide lui-même, ou ce qui nous est donné pour Ovide. — Une petite question amusante. A la page 17, il nous est dit qu’à Rome on demandait aux élèves, dans leurs dissertations « s’il était possible de creuser un port à Ostie, de dessécher l’isthme de Corinthe ». Dessécher un isthme ? Je me demande si par hasard M. Ripert n’aurait pas emprunté son renseignement à un auteur qui aurait traduit, sur un texte que j’ignore, secare Isthmum par dessécher l’Isthme ! Le percement de l’isthme de Corinthe, que commença Néron, était, dès le temps d’Auguste, à l’ordre du jour des travaux possibles, et il était naturel qu’il servît de matière à discours, comme le percement de l’isthme de Suez au temps des Saints-Simoniens. Si ma supposition est vraie, la crise du latin ne date pas d’aujourd’hui !

ALBERT THIBAUDET

LA POÉSIE


VOCABULAIRE, poèmes, par Jean Cocteau (La Sirène).

Arbre, bocal d’oiseaux, feu de bengale entre les îles

Le soleil fait chanter les tramways dans la ville

Le ciel est un marin assis sur les maisons...

Tiens, dites-vous, j’ai déjà lu ça quelque part. Parbleu ! il n’est pas une revue nouvelle, typographiquement costumée en nature morte cubiste, qui ne tienne à honneur de recueillir des traits de sensibilité aussi ingénieux. Tous les birbes barbus qui lamentent, à la terrasse de brasseries désuètes, le bon temps des glaïeuls symboliques et les femmes à bandeaux plats des générales de l’Œuvre, vont bientôt, touchés par la baguette de l’enchanteur nocturne Paul Morand, faire semblant de croire, comme mon ami Mac-Orlan lui-même, que les trolleys servent à tenir les tramways en laisse. — Alors Vocabulaire est un catalogue de gentillesses dans le goût dada-centre-gauche ? — Pas le moins du monde. Voici le poème-programme qui termine le recueil :

France gentille et verdoyante

Qui fait les femmes et le vin

Comme on en chercherait en vain

Sur toute Europe environnante,

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