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��NOTES

��A TRAVERS LE SALON D'AUTOMNE.

On n'y trouvera cette année ni Vuillard, ni Denis, ni Bon- nard, ni Roussel. Pourquoi cela ? Imagine-t-on le Salon des Champs Elysées sans la présence de M. Bonnat? C'est le devoir de ces jeunes maîtres, de soutenir une institution qui les con- sacre et d'aider par leur collaboration effective à la maintenir à son juste rang. Ce devoir, un Desvallières, un Guérin, un Vallotton, un Sickert, un Lebasque, un d'Espagnat l'acceptent quand ils pourraient s'y soustraire sans aucun risque personnel. Saluons-les.

Corot veille sur l'assemblée. Ses figures n'ont pas toutes la même qualité sans doute, et on a accueilli avec un peu d'ex- cellent, beaucoup de moins bon. Mais quand on se sera extasié sur quelques morceaux de miracle, oùila plénitude des formes, la précision des valeurs, l'épaisseur d'une précieuse matière concourent harmonieusement à notre multiple joie, un simple coup d'oeil autour de la salle sur des toiles plus sèches, plus ingrates, ne saura pas détruire notre ravissement, tant l'œuvre entière du vieux maître exhale de spiritualité, là même où a faibli la main du peintre. Un beau métier est un but noble et enviable. La leçon de Corot, ici, je voudrais que tous ces jeunes peintres exclusivement peintres, la comprissent : c'est qu'un beau métier est un minimum, et que l'ayant acquis il leur reste encore à atteindre à un rayonnement supérieur. Celui qu'assure la sincérité non seulement à un Corot, mais aussi bien à un Chardin, à un Ingres, à un Cézanne. Qu'ils soient des virtuoses. Mais des virtuoses conscients et émus.

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