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374 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

discrètes, leur présence dans le bas-côté de l'église si efifacée, que pour un peu j'eusse pu ne pas soupçonner leur existence. Mais leur efiFacement même était l'un des sujets de ma curiosité. Quand j'eusse ignoré qu'il y avait une "afifaire Tourneur", je n'eusse pas laissé d'être surpris de voir M. Tourneur, le beau-frère de mon oncle Hippo- lyte Landry et qui habitait non loin d'ici le manoir du Colombier, faire le dimanche figure d'étranger au milieu de ses concitoyens. Or, nul ne semblait ni peu ni prou le connaître.

Mais il y avait une " affaire Tourneur," et ne le sachant que trop, j'aurais donné la moitié de Longval pour savoir en quoi elle consistait. Que n'avais-je conservé le souvenir de tout ce qui était tombé dans mes oreilles à ce propos, voilà quatre ou cinq ans ! En ce temps-là, on ne parlait pas d'autre chose à la maison. Ce nom de Tourneur, jadis prononcé des milliers de fois, réveillait dans ma conscience des échos lointains, mais par malheur, indéterminés. Le seul point dont je fusse assuré, c'est que M. Tourneur avait été le grand ami de mon père. Et celui-ci paraissait toujours désagréablement impressionné, lorsqu'il arrivait encore à quelqu'un de faire allusion à la fameuse affaire ; M. Davèzieux en était assez coutumier.

Ce mystère me tourmentait au plus haut degré ; mais auprès de qui l'éclaircir ? Il m'était bien venu à l'idée de questionner Prosper. Je n'avais pas osé. Outre que je craignais de passer pour un sot, il me semblait que je commettrais là un péché d'une gravité exceptionnelle. Comme le répétait souvent Marguerite pour des bêtises : " les enfants ne doivent point se mêler de ce qui ne les regarde pas. " A plus forte raison, lorsqu'il s'agit de choses

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