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UNE BELLE VUE 379

l'attitude de son voisin, il passât outre à des scrupules, qui, devant d'autres procédés, l'eussent probablement em- porté, rien de plus compréhensible. Mais il était trop bon chrétien pour agir, soit à un point de vue purement égoïste, soit par esprit de rancune. Rusant un peu avec lui-même, il trouvait le moyen d'oublier la question personnelle et la question de personnes au bénéfice de la question de principes. Les principes étaient son fort ; là- dessus il se disait intraitable.

Aussi reprenait-il fermement M. de Chaberton, quand celui-ci, revenu des bains de mer, se mettait à déblatérer contre les Davèzieux.

— Je ne veux pas savoir qu'il s'agit des Davèzieux. Ils ne sont pas en cause... Tenons-nous-en à la question de principes.

La frénésie avec laquelle M. de Chaberton embrassait notre parti témoignait d'une amitié, qui pour être de fraîche date et plutôt baroque, n'en était pas moins réelle. Mais, en dehors de cette amitié trompettée aux quatre vents, M. de Chaberton se devait, en tant que propriétaire riverain, de s'allier avec nous. Notre cas pouvait, à l'occasion, devenir le sien. Il était, par contre, naturel que les habitants du haut de la colline se grou- passent dans l'autre camp.

S'il n'y avait en ce monde que des gens à principes, la ligne de démarcation eût été nette. Mais l'intérêt, les inclinations personnelles dressaient contre nous tels qui eussent dû soutenir notre cause comme leur, ou bien nous amenaient des auxiliaires imprévus. Le colonel Fumade fut de ces derniers ; pour une question de mitoyenneté, il avait eu jadis des démêlés avec M. Davèzieux. Mais avec

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