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Page:NRF 1909 11.djvu/82

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41 8 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

le marais. Il s'appuyait à mon bras : nous parcourions ce désert sublime en échangeant des pi-opos.

Il vivait à Montpellier dans un petit mas tout fleuri avec ses colombes, ses chats, son piano et ses amis.

(J'aime Montpellier pour son noble Neyron, son musée, son ciel d'azur, et cependant, je ne reviendrai plus dans cette ville...)

Il a aimé par dessus tout la Musique et l'Amitié : nous ne remplacerons pas Charles Bordes.

Victor Gastilleur.

��CHARLES GUERIN.

Le dimanche, 24 octobre, a été inauguré à Lunéville le monument élevé à Charles Guérin. Ainsi, le long des saisons qui vont fournir et dépouiller les arbres, se perpétuera le souvenir d'un des poètes les plus hauts, les plus nobles de notre temps. Peut-être, parce qu'il se sera développé dans la soUtude, hors des influences contemporaines, Charles Guérin creusera-t-il plus durablement son efiigie dans l'éphémère mémoire humaine. Qu'on ne cherche pas chez lui ces audaces, ces nouveautés, qui, chez plus d'un moderne, étonne, irrite, retient l'attention. Ni dans sa forme, ni dans ce qu'il exprime, Guérin n'innova. Il est aussi loin de la simplicité balbutiante, de l'humanité si profonde et si une d'un Jammes que de l'héroïsme perpétuel, du porte-voix éclatant et magnifiquement sonore d'un Signoret. Toute sa vie fut une sorte de marche à l'esprit classique. Il n'eut souci que de s'exprimer tout entier, et d'un symbolisme surnourri et bariolé aboutit au dessèche- ment, aux planches d'anatomie poétique que représente l'Homme Intérieur. Qu'une douleur constante et m}'stérieuse, que le cathoHcisme l'aient aidé, soutenu dans cette voie, cela semble incontestable. Il lui fallait aboutir à l'essentiel. On aurait tort de prendre pour les formules d'un romantisme attardé ces doutes, ces douloureuses méditations, ces transports où se complaît son génie. Ce n'est pas le dix-neuvième siècle

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