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LA PORTE ÉTROITE
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qu’elle ne me tînt pour responsable de l’état de sa sœur, et supportais plus aisément de ne pas la revoir que de la revoir irritée.

Du moins voulus-je revoir Abel.

À sa porte, une bonne me remit un billet :


« Je laisse ce mot pour que tu ne t’inquiètes pas. Rester au Havre, si près de Juliette, m’était intolérable. Je me suis embarqué pour Southampton hier soir, presque aussitôt après t’avoir quitté. C’est à Londres, chez S… que j’achèverai ces vacances. Nous nous retrouverons à l’Ecole. »

…Tout secours humain m’échappait à la fois. Je ne prolongeai pas plus longtemps un séjour au Havre, qui ne me réservait rien que de douloureux, et regagnai Paris, devançant la rentrée. C’est vers Dieu que je tournai mes regards, vers Celui " de qui découle toute consolation réelle, toute grâce et tout don parfait.’:’C’est à Lui que j’offris ma peine. Je pensais que se réfugiait aussi vers Lui Alissa et de penser qu’elle priait encourageait, exaltait ma prière.

Un long temps passa, de méditation et d’étude, sans autres événements que les lettres d’Alissa et celles que je lui écrivais. J’ai gardé toutes ces lettres ; mes souvenirs dorénavant confus, s’y repèrent…

Par ma tante — et par elle seule d’abord — j’eus des nouvelles du Havre ; j’appris par elle quelles inquiétudes le pénible état de Juliette avait données les premiers jours. Douze jours après mon départ, enfin, je reçus ce billet d’Alissa :

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