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5°4

��LA CAPTIVE DES BORROMEES

��(Suite)

��Ayant ainsi tout mis en branle pour la réussite du projet que j'avais formé, il ne me restait plus qu'à donner avis à la jeune femme des arrangements pris en vue de sa délivrance. A cette fin, dès la pointe du jour, je descendis aux jardins et d'abord me rendis à l'endroit où je l'avais surprise la veille et où je me flattais un peu inconsidéré- ment de la retrouver aujourd'hui. Mon cœur battait quand je gagnai la petite galerie au bord des flots. Mais le lac était désert : les eaux bleues se balançaient vides au soleil. Sans me laisser abattre, je rebroussai chemin aussitôt et me dirigeai vers le buisson de roses-thé où peut-être elle était assise, à l'ombre de son tendelet de soie blanche. Là aussi, je ne trouvai qu'absence et solitude. En vain je parcourus les allées et les bosquets d'alentour, en vain je fouillai les terrasses et ces escaliers secrets qui dévalaient de toutes parts : à peine rencontrai-je quelque indolent jardinier qui, la corbeille au bras, recueillait les oranges les plus mûres ou bien poussait du balai les feuilles de roses tombées pendant la nuit et qui jonchaient les pierres tièdes des plates-formes. Tout au plaisir et à la hâte de communiquer mes inventions dont je n'étais pas peu fier, je n'avais point fait réflexion qu'un hasard

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