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122 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

" // semble au fond de V ombre une oblique lueur, et je gravis trois marches et me voilà saisi par l'odeur du sépulcre. Il n'aura pas mon cœur ce musée, ni celui du loriot sans souci.

A ma fuite, il s'envole. — cherchez-moi donc aussi! — "

Peut-on perdre son temps à critiquer le rhythme du petit loriot jaune, habillé d'ailes noires, qui est parfois un rossignol ? Comme il veut pouvoir chanter tout le jour, il choisit le rhythme le plus facile, le rhythme carré traditionnel, facilité encore par l'apocope continue. De là cette musique quasi- populaire, sans surprise, sans prétention, qui n'a pas d'autre but que de faire tourner en rond les images, dont est si prodigue M. Paul Fort. D'autres économisent, — et c'est leur sort — pour enrichir une œuvre dense et contractée. Pour Dieu ! puisqu'il peut gaspiller, que M. Paul Fort gaspille, et continue à se promener dans la vie, en nous rendant à mesure tout ce que la vie lui aura donné. Trop rares sont les poètes comme lui, qu'au vrai sens du mot, elle inspire.

H. G.

��DEUX POEMES et POESIES, par Claude Lorrey.

Rarement, du premier coup, le don d'un auteur se laisse préciser si nettement que celui de Claude Lorrey. A la lec- ture de ces volumes, tout ce qui est strophes aériennes, chan- sons, tout ce qui participe, si l'on peut dire, de la nature d'Ariel, s'isole spontanément des autres poèmes, comme parmi des grains de limaille, le fer s'élance de lui-même à la ren- contre de l'aimant.

Deux grands mystères allégoriques où dialoguent Pan, Psyché, Nature, Unité, Charité, forment le moins bon de ces deux volumes. On dirait deux oratorios auxquels manque la musique d'un César Franck. Ils sont composés en vers d'une extrême fluidité, brisés selon mille jeux subtils, souvent char- mants, souvent si déliés qu'ils en finissent par ressembler moins à un tissu qu'à un écheveau. Mais soudain cette trame

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