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NOTES 137

pourtant aisées, calquées sur la parole et pourtant mélodiques, savent bondir et reprendre terre; comment un art si concerté, si soucieux de la qualité des moyens, joue le plus parfait naturel. Sa grâce et sa gaîté, à mon sens, sont surtout vocales ; malgré tout l'esprit dépensé dans la trame harmonique et les combinaisons de timbre, je prétends que l'orchestre tient trop de place ici, qu'il sonne trop, que c'était là l'occasion de réagir contre l'emploi des masses qui depuis Wagner nous écrase ; je rêve d'une comédie lyrique de M. Maurice Ravel où s'égaie- raient avec le quatuor un basson, deux flûtes, un triangle et si vous voulez un tambour. Il est tout désigné pour alléger en fait notre musique, ainsi qu'il l'allège en esprit. La vraie musique, grave ou bouffe, ne comporte pas nécessairement un bataillon d'instrumentistes éperdus.

H. G.

��EXPOSITIONS MAURICE DENIS ET PIERRE BON- NARD.

Deux peintres auxquels tout de suite il convient d'adresser cet éloge : ils ne traitent pas le public en ennemi. Tant de jeunes artistes aujourd'hui ne pensent au spectateur qu'avec haine et risée, le considèrent comme un être ridicule qu'il faut arrêter dès l'abord par une peinture menaçante et qui semble dire : " Vous voyez bien qu'il ne vaut pas la peine d'essayer ! Vous ne comprendrez jamais. "

Maurice Denis vient d'exposer les charmantes images qu'il destine à l'ornement des Petites Fleurs de Saint-François. Réussite incomparable ! Je n'admire pas ici une originalité profonde. Denis n'est pas de ceux qui déplacent l'art qu'ils ont choisi, qui le portent dans une région nouvelle. Mais il excelle à le répandre dans toute l'étendue du domaine où il l'a trouvé ; il est un vulgarisateur délicieux et d'une ingéniosité sans égale ; il devine toutes les applications possibles de la peinture telle qu'il l'a reçue de Gauguin et de Cézanne; il refait sienne leur découverte et tout de suite, de son pinceau aisé, il lui com-

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