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204 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

pour l'impression. Je me souviens nettement que le premier jet était moins bon. D'autres que moi le lui ont dit sans doute. Il a donc élagué beaucoup de phrases où l'expression dépassait la juste mesure du sentiment. Il en reste quelques-unes, précisément dans les chapitres nou- veaux de l'édition majeure. Ce sont des prosopopées aux sciences abstraites (chap. V du manuscrit), aux philo- sophes (chap. VII); ou des accès d'attendrissement roman- tique sur les prisonniers et les forçats (chap. VII). Mais la plupart des corrections de cet ordre ont été faites entre l'instant de la conception et la rédaction définitive du manuscrit. Il se peut qu'on n'en retrouve aucune trace, car Philippe détruisait souvent une page jugée mauvaise après l'avoir entièrement refondue.

Je passe donc à un autre ordre de scrupules. Le cha- pitre I du manuscrit et de l'édition majeure a certaine- ment été supprimé à cause de son caractère artificiel. Tous les autres chapitres sont faits avec des souvenirs. Celui qui décrit les rapports d'un nouveau-né avec sa mère était de pure construction. Pas plus que vous ou moi, Philippe n'avait la mémoire de ses premiers vagisse- ments. Par scrupule de sincérité, par souci d'unité, il a laissé tomber des pages qui juraient avec le reste. La chute du premier chapitre entraîne celle du fragment inédit qui est en tête du second, et qui liait l'un à l'autre ; j'admire d'ailleurs combien l'œuvre gagne à commencer, sans préambule, par cette magnifique invocation à la mère :

  • ' Lorsque j'avais deux ans, maman, tu étais forte comme

une force de Dieu... " — Le chapitre III du manuscrit a surtout contre lui qu'il ne s'y passe rien ; mais j'y revien- drai plus loin. — Rien à dire d'un fragment du chapitre IV

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