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274 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

et le fruit de son bel esprit, gardant l'ombrage pour les siens, et pour lui seul et son Dieu " la racine austère ".

Le seul document autobiographique que Coventry Patmore nous a laissé est l'histoire de sa conversion au catholicisme. Court opuscule, écrit à la demande de sa troisième femme et d'un Père jésuite, et qui n'a été publié qu'après sa mort. ^ Même dans ces pages intimes Coventry Patmore a refusé d'introduire son moi, songeant plutôt à édifier ceux qui pourraient les lire un jour. Toujours on le trouve, en vrai aristocrate, respectueux de lui-même comme des autres, et distant jusque dans les plus véhémentes effusions de sa sensibilité. Non, son oeuvre n'a pas besoin d'être commentée ni expliquée par sa vie. Comme toutes les grandes œuvres, elle dépasse la vie de son auteur, et elle échappe au temps et aux cir- constances où elle fut produite.

Mais ce n'est pas une curiosité vaine qui nous conduit à lire les biographies de Patmore : celles de Basil Champ- neys et d'Edmund Gosse, ^ et les articles de Aubrey de Vere, du Dr Garnett et de Mme Meynell. Car si l'œuvre et la vie du poète sont deux choses indépendantes, et si l'œuvre a infiniment plus d'importance que les cir- constances de la vie du poëte, toutefois la vie de Patmore est assez belle par elle-même, et porte assez la marque du génie, pour attirer et retenir notre attention.

Coventry Kersey Dighton Patmore est né à Wood-

^ Dans le tome II du copieux Mémoire consacré à C. P. par Basil Champneys (Londres, George Bell and Sons. 1900.)

  • Coventry Patmore, by Edmund Gosse (Literary Lives) Londres :

Hodder and Stoughton, 1905.

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