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PAYSAGES DE LA

TRENTIÈME ANNÉE


Première Partie


I


L’absurde ne peut pas aller plus loin, mais mon malheur, fondé sur l’absurde, n’en était pas moins fort réel (Vie de Henry Brûlard).

Le paquebot partit du port de la Joliette un peu avant le coucher du soleil. La Méditerranée était couleur d’indigo à cause du mistral qui la retroussait. Il y avait des vols d’oiseaux blancs, de la brume rose sur la côte qui fuyait. Mon cœur se taisait, et je me laissai bercer par la joie fraîche du paysage marin. Le bateau dansait dans le vent. Lorsque je me réveillai, il rasait le rivage de l’île, glissant droit devant lui comme sur des rails. Il était entré dans la baie au petit jour, tandis que nous dormions encore. Je traversai, en regardant autour de moi le moins possible, la ville qui sommeillait sans grâce, sous les poussières et les déchets de la veille. La maison que je devais habi-