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MOMENTS 421

��L AUBERGE

Vieillard devant moi, $ mon hôte,

que tu es émouvant et doux ! Le bord de tes yeux est rouge et tCa plus de cils. Le tremblement de tes mains, c'est de la bonté. Il y a de l'éternité parmi nous deux. Qt/importent le village, et l'heure, et mon chemin et nos noms ? L'auberge où nous sommes if a pas d'âge. Je suis ton hôte en Dieu, comme si la servante avait lavé mes pieds et serré mon manteau. Je suis entré ici te demander h boire, ayant vu l'enseigne a la porte et Pécriteau, mais le vin que tu m'as versé dans ce gros verre^ tu Pas versé en un autre nom que le tien.

Tu rfes pas un marchand, pauvre homme. Tu attends. Tu as peur de nC avoir mal servi ou que le verre et le vin ne me plaisent pas, et tu cherches ce que tu as pu oublier.

Tu if as rien oublié, pauvre homme. Tu ne sens donc pas que je siàs tout près di taij

bien plus près que mon corps assis f Et mon âme, que /ai si souvent refusée^ tu ne la vois donc pas de mes yeux dans les tiens?

Tu if as peut-être jamais eu

l'âme que tu as aujourd'hui,

parce qtfil if y avait personne

pour l'accueilTir, comme il convient^

dans ce silence fraternel,

plus grand que tous les mots humains,

qui la confronte avec la mienne.

Tu n'as jamais eu autant d'âme.

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