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d'une section d'infanterie 455

masse épanouie le sentiment de son exhubérance. La gaîté circulait dans les propos de sa voix de gorge, comme le sang rouge dans les couperoses de ses joues pleines. Sa jovialité était élastique et ronde ; elle sautait sur les gens et rebondissait vers lui à la façon d'une balle attachée à un caoutchouc qui retourne fidèlement s'ap- pliquer au creux de la paume, avec une claque de chair saine et drue. Il pétait dans ses sangles. Sa sous-ventrière avait peine à contenir la marée de son rire. Cinq gas de l'active l'avaient poli et verni. Il avait campé un képi trop étroit sur le côté de son crâne, et traversait les cham- brées pour le seul plaisir d'y faire lever en tempête les boule de graisse ! les mal nourri ! les boit-sans-soif! Un sillage de bonne humeur encombré de parasites coupait derrière lui les carrées. Ils étaient, sur son modèle, une demi-douzaine de liquoristes et de cuisiniers qui luttaient de vermillon, — salués par les pauvres diables qui véné- raient en eux des ventres toujours combles.

Les autres étaient des faces rasées de domestiques qui s'arrêtaient en chuchotant au coin des portes ; un d'eux s'occupait soupçonneusement à édifier en paquetage des caleçons de satin vert plies sur des conserves de choix, des chemises de fantaisie et des cravates de mousseline de soie crème, sous le couronnement d'un petit feutre marron. Puis ils disparaissaient sans bruit, avec un fi-ôlement glissé des semelles, vers des coins isolés de la cantine oii ils buvaient, sans ostentation, des alcools peu communs.

Il y avait enfin les intellectuels angoissés de comme-il- faut. Pour la plupart gradés, ils formaient des congrès dans les chambres des sous-officiers. Et les simples deuxième- classes d'entre eux mettaient toute l'attention de leur

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