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LORD CHESTERFIELD 54 1

assurée sa victoire, avait mis en accusation ses adversaires de la veille. Robert VValpole avait demandé la mise en accusation de Bolingbroke, Conningsby celle d'Oxford et lord Stanhope celle du duc d'Ormond. Le jeune Philippe prononça contre Ormond un discours d'une grande violence. Par respect pour son maiden-speechy on l'écouta sans le rappeler à l'ordre. Mais quand il eut fini, un partisan du duc d'Ormond l'avertit qu'il n'avait pas encore l'âge de parler et qu'il était passible d'une amende de cinq cents livres. Il salua profondémeut, quitu la Chambre et prit la poste pour Paris.

La France, pour un jeune Anglais, était alors comme une Angleterre jacobite, avec le Prétendant comme roi in partibus et Bolingbroke comme premier ministre. C'était un monde où l'on jouait au complot plutôt qu'on ne conspirait réellement, et les hommes de la valeur de Bolingbroke y reconnaissaient plus d'agitation brouillonne que de volonté de réussir. " J'ai trouvé à l'oeuvre,*' dit-il, " une multitude de personnes, chacun faisant ce qui lui paraissait utile, sans discipline, ni ordre, ni concert... Les Jacobites se sont excités et regardent le succès comme infaillible ; l'espérance est écrite sur la figure aflfeirée des Irlandais ; ceux qui peuvent lire et écrire ont des lettres à montrer, et ceux qui ne sont pas encore arrivés à ce degré d'instruction ont des secrets à dire à l'oreille. Les femmes même sont admises au conseil. " Il n'est pas pour un observateur de milieu plus fertile en remarques que la cour d'un prétendant. Les ambitions s'y montrent d'au- tant plus clairement qu'elles sont plus irréalisables ; les déceptions finissent par altérer les caractères les plus fer- mes et les mènent aux exagérations et aux confidences.

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