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Le nègre, tenant le rideau nous fit signe de passer dans la pièce voisine. J’y pénétrai en tremblant de tous mes membres : Giula était devant moi.

Je la reconnus de suite. La jeune femme reposait en une pose nonchalante, sur de moelleux coussins. D’une main, elle soutenait sa tête mignonne et comme baissée par un éternel rayon du soleil. Ses yeux gais me dévisageaient avec hardiesse, mais un sourire presque timide retroussait les coins de sa bouche et semait ses joues de fossettes mobiles. Elle était vêtue à l’oreintale-. Le corselet de tabis jaune modelait les contours de sa taille ; des plis d’une chemisette sortait la gorge, jusqu’aux seins. Un petit pied, diminué encore par les plis bouffants du caleçon, et chaussé d’une babouche brune et contournée, pesait légèrement sur un coussin de velours vert. On eût dit une feuille morte sur le gazon.

À la vue de ma maîtresse, je tombai à genoux et, saisissant sa main, la couvris de baisers.

Giula me fit mettre à côté d’elle et me recommanda de conserver un maintien plus discret si je désirais que l’entrevue fût prolongée. J’obéis et, gardant sa main dans la mienne, j’attendis que les battements désordonnés de mon cœur me {permissent de prendre la parole. Nous restâmes quelque temps à nous regarder l’un l’autre. Giula souriait de son air enfantin et tendre. Sa beauté me lais- sait sans voix, sa douceur sans audace. Ce fut Zambinelli qui rompit le charme.

— Il faut. Altesse, me dit-il, que votre visite soit brève. Le vizir ne dormira plus qu’une heure et Madame ne saurait souffrir que vous vous exposassiez sans nécessité à de terribles dangers. Vous devez, avant tout, convenir