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NOTES 633

de situations évoquées, à la lecture d'un dossier criminel. Ce drame, qui est, on le sent, d'une seule encre, ne contient qu'un minimum de littérature : des traces, comme on dit en chimie.

Il n'empêche, qu'avec Le Cadavre vivant, ressuscite, pour nous, le Tolstoï artiste, que nous croyions mort, le Tolstoï "grand écrivain de la terre russe ", ainsi que le définissait magnifiquement Ivan Tourguenef, à son lit de mort. Plus que personne, Tolstoï a senti à quel point son drame inédit, où l'apôtre qu'il était n'intervient jamais, était en opposition brutale avec ses brochures de propagande, moins par l'esprit que par la forme impersonnelle et directe. Il souffrait de cette pièce, comme d'un manquement à ses plus chers principes, comme d'une faute qu'il avait peine à s'avouer. Il n'aimait point qu'on lui parlât de ce drame dont les trois versions, du reste, n'étaient plus en sa possession et qu'il semble avoir égarées, volontairement. Il affectait ne plus se souvenir de ces six actes griffonnés, de l'intrigue et des personnages. Et, à un de ses traducteurs français, il confessait, parlant justement du Cadavre vivant: " Non, je ne veux plus publier de mes oeuvres composées à mon ancienne manière, celle où l'artifice prime l'idée... Malgré ma volonté de me libérer de ce défaut, je ne reste pas moins sensible aux éloges qu'on adresse à l'artiste qui est en moi, dit-on... Si je me Uvre parfois à de futiles exercices pour mon plaisir, du moins veux- je é\'iter de pécher par la vanité et épargner aux autres une lecture plutôt perni- cieuse... "

Néanmoins, Tolstoï ne fit jamais rechercher les trois manuscrits du Cadavre vivant, pour les détruire. L'artiste interdit toujours à l'apôtre cet acte qui s'imposait... "

��AUTOBIOGRAPHIE DE HENRY M. STANLEY, publiée par sa femme Dorothy Stanley, traduite par Georges Feuilloy, (Plon-Nourrit).

Des deux volumes que comprend cet ouvrage, le premier

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