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NOTES 709

bruits du monde ; n'écoutez pas ce que le monde dit, ne faites pas ce que le monde fait, ne croyez pas ce que le monde croit." — " Et comment vous appelez-vous, mon enfant ? " reprit la maîtresse. — " Mon frère m'a toujours dit S(gur, voilà mon nom. " Ce furent à peu près toutes les paroles de la Sauvage, pendant un an environ qu'elle fut à l'école. "

En lisant ces pages, on songe quelquefois à Walt Whitman, et plus souvent à Dostoïevski. Mais au Whitman purement " démocratique " et non pas au demi-lettré qu'il y avait chez lui, bourré des mots vagues et des sottises vulgaires de son temps. Et au Dostoïevski du " Sous-Sol " naturellement. Ce sont eux qui m'ont fait comprendre le livre de Mélanie.

Il contient même une leçon de style. Quelque part, Bossuet dit : " Plût à Dieu que nous pussions détacher de notre parole tout ce qui flatte l'oreille, tout ce qui délecte l'esprit, tout ce qui surprend l'imagination, pour n'y laisser que la vérité toute simple, la seule force et l'efficace toute pure du Saint-Esprit, nulle pensée que pour convertir ! " C'est la con- damnation très éloquente (et très artiste) de l'écriture artiste. Le livre de Mélanie, écrit en 1900, au moment où déjà com- mençait la réaction contre ce style, ouvre magnifiquement le siècle. Sa simplicité est d'une espèce très rare, et combien d'écrivains de métier souhaiteraient d'écrire comme cette illettrée ! On y trouve bien, çà et là, quelques traces du voca- bulaire technique des manuels de piété qu'elle dut avoir entre les mains. Mais il n'y a pas de comparaison possible entre le fadasse odieux de la plupart de ces manuels et la clarté presque insoute- nable de ce livre. Ce sont là des choses qui ne trompent point.

Valéry Larbaud.

��SUR LES CHAMPS DE BATAILLE. Souvenirs des journa- listes français, anciens correspondants de guerre (OUendorfF).

Jamais le goût de la littérature et des belles phrases ne nous

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