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894 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

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��AUGUSTE RENOIR, version française de A. S. Maillet par J. Me'ter Graefe (H. Floury).

Si quelqu'un a recherché les jeux du prisme, a joui du soleil et senti la lumière, c'est bien Auguste Renoir. S'il n'était pas absurde de faire encore des parallèles et de confronter des maîtres si différents, l'on pourrait placer Renoir en face de Carrière. Autant Carrière a aimé tout ce qui était dans l'ombre, j'entends dans l'ombre douce de la vie, autant Auguste Renoir a aimé tout ce qui s'épanouit, tout ce qui fleurit et mûrit au moment favorable du jour : les femmes, les roses, les fruits les plus gonflés et les plus mûrs.

Renoir, plus que personne parmi les vivants, a entendu la couleur comme une réjouissance. Ce que Théophile Gautier disait de Watteau : " Son œuvre est une fête perpétuelle " s'appliquerait, de nos jours, à l'artiste du Déjeuner et des Bai- gneuses mieux qu'à n'importe lequel des peintres. L'intérêt prin- cipal du livre de M. J. Meier-Graefe est de nous amener d'abord à concevoir comment un humble décorateur sur porcelaine comme Renoir parvint, dans un effort puissant de volonté, servi par un don admirable, à posséder cette maîtrise, à disperser dans deux ou trois mille toiles, qui sont autant de manifesta- tions du bonheur de peindre, ce magnifique rayonnement de la lumière.

M. Meier-Graefe nous montre de quelle manière Renoir s'attarda, comme Manet pendant si longtemps, comme Monet à ses débuts, dans une période de " noir " due, en partie, à l'influence fougueuse et, dit fort bien l'auteur, un peu "animale" de Courbet ; puis comment, oscillant de Rubens à Delacroix, de Fragonard à Ingres, le créateur de tant de pages vivantes parvint à la pleine possession de son talent. La progression, depuis le Ménage Sisley, en passant par la Loge de Théâtre, la Promenade, les Canotiers et le Moulin de la Galette pour aboutir

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