Page:NRF 7.djvu/964

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

95^ "-A NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

mer pleinement, quand bien même un incendie devrait en résulter, nous saurons le braver, sous la pluie des plaisirs qui nous inonderont. Vous me parlez " d'horribles gens " et dites qu'il dépend d'eux que je puisse vous revoir. — Comprenez-moi bien en ceci, mon amour : vous êtes tellement dans mon cœur qu'il faut bien que je tourne au Mentor dès que je vous vois menacée d'un malheur pos- sible. Je voudrais ne jamais voir autre chose que du plaisir dans vos yeux, de l'amour sur vos lèvres et du bonheur sous vos pas. Je voudrais vous voir entourée de distractions appropriées à vos goûts et à votre esprit ; et nos amours ainsi, parmi des joies déjà suffisamment agréables, seraient l'enchante- ment suprême, au lieu de n'être qu'une ressource contre les ennemis et les soucis. Mais je doute qu'en cas d'épreuve, j'aie assez de philosophie pour mettre en pratique mes propres enseignements : et pour peu qu'une de mes résolutions dût vous causer l'ombre d'une peine, je n'y saurais plus tenir ! Pourquoi ne dois-je pas parler de votre beauté, puisque sans elle, peut-être ne vous eussé- je jamais aimée ? — Je ne puis concevoir d'autre commencement à un amour pareil que la Beauté. 11 est une sorte d'amour que, sans raillerie aucune, je respecte infiniment et puis admirer chez les autres : mais il n'a ni la richesse, ni l'éclat, ni la plénitude, ni l'enchantement de l'amour qui est dans mon propre cœur. Ainsi donc, laissez-moi parler de cette

�� �