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les conquêtes du commandant belormeau

Un matin, Benoîte eut la surprise d’apercevoir le Breton qui cirait les bottes de son officier, tandis que Vicomte s’enroulait autour de son cou, comme une chaude et vivante fourrure.

Bientôt, Vicomte me quitta plus guère son nouvel ami, s’installant, sans façon dans le pavillon, faisant volontiers ses griffes dans le pantalon du commandant et délaissant sa vieille maîtresse qui souffrit, plus qu’elle ne l’avoua, de l’ingratitude de son favori.

Cependant, le commandant Belormeau, toujours aimable, avait saisi l’occasion pour faire présenter à Mlle de Batanville, tous ses regrets pour la perturbation que sa présence amenait dans sa maison. Mlle Herminie qui se faisait vieille et dont les principes fléchissaient, se montra touchée de cette prévenance.

— Cet officier a du savoir-vivre, dit-elle à sa servante ; il ne s’installe pas dans ma demeure, comme en pays conquis. Comment est-il ce commandant ? Déjà âgé, c’est probable.

— Non pas, mademoiselle, il est tout jeune !

— Tout jeune ?… relativement, j’imagine, quoi que l’Empire nous ait accoutumés aux généraux de trente ans.

— Il a peut-être un peu plus, mais je ne lui donne pas la quarantaine et il est si joli homme !… Je peux affirmer à mademoiselle que je n’avais vu si belle prestance, si bonne tournure ; quant à sa figure…

— Ma fille, tu oublies qu’il n’est pas séant à une femme de témoigner tant d’enthousiasme, en pareille matière.

— Pourquoi donc ? Puisque c’est la vérité. Si mademoiselle voyait le commandant, elle en dirait tout autant.

— Je ne crois pas, Benoîte, je ne crois pas.

Mlle Herminie, comme tous les vieillards, avait un