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les conquêtes du commandant belormeau

eurent le souci d’encourager ses sages projets et de ne laisser percer aucun regret dans leurs discours.

On se quitta, réciproquement enchanté, et l’officier municipal, ragaillardi par ce premier contact avec ses administrés, alla tirer la sonnette de Mlle de Batanville. Il n’en savait rien, sinon qu’elle était la dernière représentante de la plus noble famille du pays.

M. le maire demeura donc suffoqué d’étonnement et de colère quand la vieille demoiselle, par la bouche de Benoîte, refusa net sec de le recevoir.

Il s’éloigna outré, ne soupçonnant point la raison de cet affront, persuadé qu’il s’adressait à l’humble tonnelier qu’il était.

L’outrage lui étant fort cuisant, il ne s’en ouvrit à personne, pas même à sa femme, surtout à sa femme qui ne se gênait point pour critiquer les embarras qu’il faisait, et il demeura convaincu que Mlle de Batanville l’avait voulu écraser de son dédain.

Rancunier et têtu, Faverger devint irréductiblement hostile à l’innocente demoiselle. Vînt le jour, où, de par ses fonctions, il pourrait lui être désagréable, il n’y manquerait point.

Par ce beau dimanche clair et piquant, les deux ennemis se croisèrent sur le parvis ; Mlle Herminie passa, sereinement indifférente, sans voir le regard courroucé que lui lançait Blaise Faverger.

Benoîte qui, sur les conseils instants de sa maîtresse, marchait aussi, paupières abaissées, s’en aperçut, par sortilège, il faut le croire, et, par attachement sans nul doute, ouvrit un œil pour rendre, à M. le maire, son œillade inamicale.

En cet instant, en un seul groupe, arrivaient les frères Stenneverck et leur famille.

L’aîné, Michel, le filateur, était un bel homme à large carrure, dont les cheveux bruns commençaient à s’argenter aux tempes ; il donnait le bras à son vieux père, celui-ci tellement cassé qu’il pouvait à