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les conquêtes du commandant belormeau

avaient, l’une et l’autre. La maîtresse trouvait la maison grande ; la servante avait une vraie tristesse du départ de son petit Breton, qu’à moins d’un miracle, elle ne reverrait jamais en ce monde.

— Comme tout semble vide, soupirait Mlle Herminie, tu rouvriras les fenêtres du pavillon, cela sera moins triste.

— Ouvert ou fermé, ça ne changera pas grand’chose, répondait Benoîte.

— Je m’étais étrangement accoutumée au va-et-vient de ces deux hommes, pour nous qui sommes isolées, leur présence était une sauvegarde.

— Mademoiselle, on a beau dire… des hommes, dans une maison, c’est bien utile. Mon pauvre Quellec était si complaisant… Le bon garçon, quand il a su qu’il allait partir, aurait voulu pouvoir me tirer de l’eau pour tout l’été, ou me rentrer du bois, pour le prochain hiver. Jamais je n’avais eu tant d’aide et maintenant, que je me fais vieille, je trouvais ça bon.

— Je crois, Benoîte, dit pensivement Mlle Herminie, qu’il ne faudrait pas conclure que tous les hommes sont ainsi, nous étions tombés sur des exceptions.

— C’est vrai, mademoiselle que le commandant était aussi bien que son ordonnance… Un homme comme lui, avec sa prestance et son grade, il n’avait pas un brin de fierté. Quand je le rencontrais, en allant au marché, il mettait la main au colback, comme pour une dame, ni plus ni moins.

— Le commandant Belormeau était l’affabilité même.

— J’avais toujours entendu dire, même à mademoiselle, que les hommes sont grossiers, tapageurs, ivrognes et même pis ; pour mon compte, je pourrais affirmer que ce n’est pas vrai pour ces deux-là.

— Je te l’accorde, fit Mlle Herminie.