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les conquêtes du commandant belormeau

— Il faut boucher tout cela ? gémit-elle.

— Sans en oublier un, ma chère.

— C’est que, je n’aime pas beaucoup les reprises.

— Il faut les aimer ; les reprises, c’est le fondement de la vie d’une femme ; sa voie en est tapissée.

— Oh ! quelle amusante perspective.

— Il vous faudra, madame, entretenir, de vos blanches mains, les chausses de votre mari.

Une ombre descendit sur le front de Valentine.

— Cela ne me séduit pas du tout ; je rêvais du mariage, autrement, fit-elle, avec un soupir.

— Sans détails prosaïques ? dit Minna, moqueuse.

— Eh bien ! oui. Pourquoi ne te l’avouerais-je pas ?… J’aurais voulu connaître l’amour, l’amour idéal, passionné, dégagé des soucis matériels et des devoirs terre à terre.

Minna haussa ses fins sourcils.

— Ma chère, cela existe dans les livres ; on dit que ça s’est parfois rencontré dans l’histoire ; mais si tu veux bien jeter un regard sur notre entourage, sur nos mères, nos tantes, nos cousines et nos voisines, tu pourras te convaincre que rien de tel ne s’est jamais vu chez nous.

Valentine, du bout de son aiguille, relevait les mailles rompues qu’elle laissait aussitôt retomber.

— C’est pourquoi, dit-elle, je ne suis pas désireuse de me marier ; je ne me sens pas faite pour l’existence terne et banale qui serait la mienne… Je voudrais attendre…

— Attendre, quoi, Valentine ?

— De l’imprévu.

— Je croyais que tu aimais Philippe ?

— De bonne amitié, oui ; c’est autrement que j’eusse voulu aimer mon mari et, surtout être aimée de lui.

— Vas-tu me dire qu’il ne t’aime pas lui ?

— Peut-être… il ne sait pas me le dire… J’ima-