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les conquêtes du commandant belormeau

— Asseyez-vous, commandant, dit-elle, en rejetant son ouvrage dans sa corbeille.

— Continuez à travailler, je vous en prie, mademoiselle Minna ; j’aime tant à voir voltiger vos jolis doigts.

Elle reprit volontiers son dé et son aiguille et le commandant commença à la considérer avec la plus sympathique attention.

— Comme vous semblez préoccupé, commandant remarqua Minna qui trouvait que cette muette contemplation avait assez duré.

— Préoccupé, n’est pas le mot, mais je songeais que je n’avais jamais vu plus délicieuse créature que vous.

Elle se mit à rire.

— J’aimerais bien savoir à combien de femmes vous avez fait, déjà, cette déclaration ?

— Franchement, mademoiselle Minna, dans ma carrière, au cours de mes déplacements, je ne saurais nier que j’ai rencontré bien des femmes charmantes.

— À qui vous l’avez dit ?

— Mais oui. Ce que j’affirme, c’est qu’elles ne l’étaient pas à votre façon.

— Je suis un genre spécial, fit-elle, très calme, en enfilant son aiguille ?

— Ne pensez-vous pas qu’il en est, des femmes, comme des fleurs, qui ont des charmes différents et qu’on aime de diverses manières ? Voyez, dans un jardin, l’œillet ne ressemble point à la rose ; la pensée n’a rien de commun avec la tulipe. N’aimez-vous pas l’une et l’autre fleur ; ne seriez-vous pas bien embarrassée de choisir ?

Pour être véridique, le commandant eût pu étendre sa comparaison ; car il ne dédaignait pas non plus les fleurs des champs, pas même les corolles un peu poudreuses qui pouvaient s’ouvrir dans une cour