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les conquêtes du commandant belormeau

— Vous la soupçonnez de lui faire la conduite ?…

— À lui, à d’autres, je ne sais… Avant-hier, j’ai regardé par la fenêtre du fruitier, le point rouge d’un cigare brillait sous les marronniers ; qui était-ce ? le commandant, son ordonnance, un autre ?…

— Interrogez Nanniche.

— Cela me servirait bien ! Pauvre Catherine ! qui eût pensé que son legs nous embarrasserait si fort !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

L’amour, en prenant possession du cœur de Valentine, s’était fait suivre de son habituel cortège de tourments ; elle gardait, au milieu de l’enchantement de la passion, un manque de foi, une absence de certitude qui la faisaient souffrir, quoiqu’elle refusât de se l’avouer.

Elle s’étonnait que le commandant n’eût pas déjà dit le mot décisif qui devait changer son rêve en une lumineuse réalité.

Ce mot, n’avait-il pas la liberté de le prononcer ?

Elle connaissait peu les choses du monde militaire…, l’officier devait-il s’assurer de l’agrément de ses chefs, avant d’engager sa vie ? Peut-être attendait-il une autorisation nécessaire ?

La jeune fille vivait dans la crainte anxieuse d’un brusque départ ; à grand-père Frantz qui l’interrogeait à ce sujet, le commandant n’avait-il pas répondu qu’un soldat doit toujours être prêt à plier sa tente ; qu’il ne savait jamais, le matin, s’il coucherait le soir à Wattignies et que ses batteries devraient être sur la route deux heures après l’ordre de ses chefs.

La pensée d’une séparation imminente la glaçait d’effroi ; parfois, la nuit, elle s’éveillait, le cœur battant, ayant cru entendre une rumeur insolite ; dans le ronflement du vent dans sa cheminée, elle croyait