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les conquêtes du commandant belormeau

elles contribuaient à la maintenir dans un énervement pénible.

Sur ces entrefaites, Minna, comme sœur Anne, ne voyant rien venir, résolut d’aller faire ses confidences à grand-père Frantz.

Elle vint, un matin, de bonne heure, afin de le trouver, seul, dans sa chambre.

Valentine, toujours indolente, n’était pas encore sortie de la sienne ; Minna entra l’embrasser, en passant.

Les intimes causeries étaient, pour l’instant, suspendues entre les deux jeunes filles.

Minna, blessée dans son cœur et dans son amour-propre, gardait son tourment pour elle seule et Valentine eût redouté, pour ses rêveries romanesques, le clair bon sens et la logique de sa cousine.

Elles s’embrassèrent un peu distraitement ; échangèrent quelques phrases banales : puis Minna alla frapper à la porte de son aïeul.

Le vieillard, nouvellement levé, était encore en bonnet de coton. Assis près de la cheminée, dans son fauteuil de paille, il fumait sa première pipe.

Il eut un sourire attendri pour Minna, l’enfant de sa prédilection qui lui ressemblait, disait-on, par plus d’un côté.

— Bonjour, Minette, qu’est-ce qui me vaut une visite aussi matinale ?

— Grand-père, je voudrais vous conter mes petites affaires, dit-elle, en tendant à l’aïeul sa joue fraîche que la bise avait faite plus rose.

— Asseyez-vous, demoiselle Minette, et contez cela.

Elle prit une chaise basse, dégrafa son manteau fourré, dénoua les brides de son chapeau et rêveusement regarda la flamme.

— On dirait que cela peine à venir ? dit grand-père. S’agit-il d’affaires d’intérêt ? As-tu compromis ton pécule ?

Elle sourit faiblement.