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les conquêtes du commandant belormeau

t’a contrainte, Valentine ?… Réponds-moi ?… Qui donc t’a mise dans l’obligation d’attendre la veille de tes fiançailles pour nous faire une semblable révélation ?

Pour toute réponse, elle sanglota plus fort.

— C’est mal, Valentine, reprit Michel, c’est coupable d’agir, ainsi, avec un honnête homme et qui t’aime… Mais, réponds-moi donc, fit-il, avec rudesse. Pourquoi n’as-tu pas parlé plus tôt ?

— Père, balbutia-t-elle, je croyais, autrefois, que… que je l’aimais.

— Et c’est d’aujourd’hui, seulement, que tu t’es aperçue que cela n’était pas ?

— Non, évidemment ; mais je redoutais votre mécontentement que je trouve légitime…, père, il faut me pardonner. De nouveau, une crise de larmes la secoua nerveusement.

Déjà, Mme Michel, inquiète pour cette frêle santé, ne songeait qu’à abréger l’épreuve et jetait, à son mari, des regards suppliants ; mais celui-ci était plus colère encore qu’il ne le montrait. La pensée de la communication qu’il aurait à faire, dès le lendemain, à Philippe Artevelle, n’était point de nature à l’adoucir.

— Sois au moins franche, reprit le père, avec une dureté inaccoutumée… En aimes-tu un autre ?

Un oui, étouffé, à peine perceptible, s’échappa des lèvres de Valentine.

— T’aime-t-il ? !

— Je… le crois.

— Qui est-ce ?

— Père, pas maintenant, pas ce soir… vous le saurez bientôt.

— Oh ! folle ! folle ! s’écria Michel Stenneverck, qui sortit en fermant brusquement la porte.