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les conquêtes du commandant belormeau

— Et puis le temps est détestable ; tu n’es plus d’âge à chevaucher dans la neige.

— Ce n’est pas cela qui m’eût arrêté, si j’avais pu adoucir l’épreuve de ce pauvre garçon ; mais j’ai songé, d’autre part, qu’il n’est pas homme à manquer la messe un jour de Noël et qu’il lui faudra toujours se rendre à Wattignies.

— Alors, Michel, tu le laisseras venir, ici ?

— Il le faudra bien ; je n’irai pas lui dire cela sur la place. Arrange-toi, plutôt, pour éloigner ta fille ; envoie-la à une messe matinale et qu’elle aille demander à déjeuner chez François ; je suppose qu’elle ne tient pas à voir Philippe et que lui aura du soulagement à ne pas la rencontrer.

— Je ferai ce que tu voudras. C’est bien fâcheux de n’avoir pu nous éviter une entrevue qui va être si pénible.

— C’est la faute de Valentine ! Elle est impardonnable d’avoir ainsi attendu.

— Mon pauvre ami, il ne faut pas lui être trop sévère ; elle définissait mal ses sentiments ; les jeunes filles, tu sais ?…

— Je sais, je sais que nous portons la peine de notre faute, car c’est notre faute, Gabrielle ; nous l’avons bien mal élevée, cette enfant-là !

Mme Michel poussa un grand soupir, mais elle ne protesta pas.

— Philippe, reprit le filateur, en attachant péniblement son faux col, devra être ici, un peu avant dix heures. Moi, je serai absent ; je ne veux pas le voir !

— Oh ! Michel, tu ne vas pas me laisser seule pour affronter son chagrin ! Il vaudrait mieux que tu restes ; entre hommes, on se dit plus nettement les choses.

— Non, non… les femmes, au contraire, savent mieux envelopper les pilules. Tu t’en tireras mieux que moi.