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À BORD DU JASON.

rennes, furent nos maîtres dans cet exercice. Le vieux Ravna surtout était particulièrement adroit. La ligne enroulée autour de la main droite, il avançait, l’œil fixé sur la victime qu’il avait choisie parmi l’équipage, puis d’un mouvement rapide lançait le lazo, qui venait s’enrouler autour de l’individu. Jamais Ravna ne manquait son coup. Balto, qui était un Lapon sédentaire, ne maniait pas le lazo avec la même sûreté que son compagnon, mais il ne voulait pas reconnaître son infériorité, et lorsque l’un d’entre nous la lui faisait remarquer, sa physionomie prenait une expression de mauvaise humeur qui excitait l’hilarité générale.


À LA CHASSE DES PHOQUES.
(DESSIN DE M. NANSEN, D’APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.)

Pour passer le temps, nous nous livrions à d’autres exercices ; nous éprouvions, par exemple, la force musculaire de nos bras. D’autres fois nous jouions au palet. On dessinait sur le pont des figures et des cercles, ayant chacun une valeur déterminée, et il fallait lancer les disques de plomb dans l’intérieur des cercles sans toucher les figures, sinon on perdait un certain nombre de points. Quand le temps était beau et le mouvement du navire pas trop accentué, il y avait sur le pont plusieurs parties engagées. L’enjeu consistait toujours en tabac.

D’autres fois, nous jouions au whist ou à des jeux de cartes norvégiens. Plusieurs d’entre nous n’avaient pas grand goût pour cette distraction ; il arrivait cependant que des parties commencées le soir se prolongeaient jusqu’au matin. Nous n’avions qu’un jeu de cartes ; à la fin du voyage il était si sale qu’il était difficile de distinguer la valeur des cartes.