Page:Nau - Force ennemie.djvu/135

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la maison Froin conçoit enfin une idée lumineuse qu’il aurait bien pu avoir plus tôt :

— Où qu’on va, ma bonne dame ? Mais à voir vos fils et vot’fille qui sont chez des amis.

— Fallait me l’dire ! s’écrie la folle. Moi j’avais peur d’être emportée par des gendarmes en civil « rapport à » morceau de saucisson que j’ai volé à Frédéric pass’que j’avais des « ronds de couteau » (?) dans l’estomac. Je sais bien ce qu’on fait aux voleuses ! On leur met des fers rouges sous les aisselles et on leur coupe les cheveux avec des tenailles…

Y vous donnait donc pas à manger, vot’cousin ?

— Oh ! il est bien gentil mais il n’aime pas les gouillâfres. Il me l’a dit. Alors je ne soufflais rien quand il me donnait des tout petits bouts de pain sec et je « cherchais ma vie » dans les coins. Robertine m’avait bien donné quelque chose mais il mettait tout sous clef ; pas tout puisqu’il y avait le saucisson sous la table de la cuisine — oh ! une tranche… et pas bonne ! — et puis un vieux morceau de lard à côté d’une paire de bottes dans le hangar et puis un demi-hareng fumé dans le jardin, « près des poules ». Mais je l’ai volé, ce pauv’Frédéric, et c’est pas bien !

Le voyage de retour est dur. Le temps, si beau dans la journée, se gâte vers cinq heures du soir. Il pleut et Léonard remet son chapeau-melon dans le journal. Nous sommes en été ; pourtant un froid aigre que je ne sens pas absolument, que je devine,