Page:Nau - Force ennemie.djvu/185

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l’oisiveté. De retouches en retouches, le paysage s’est bien agrandi et dépouillé d’accessoires inutiles. Au moment où la vue devient presque panoramique, mon tkoukrien qui me paraît connaître la sentimentale Célestine mieux que moi-même, lui susurre doucement par ma bouche :

— Tu n’en a plus de cognac ? Dis ?… pour après ?…

— Pour après… quoi ? Ah ! bandit ! Oui, ’y en a ’core une larme. Mais je vous vois venir avec vos : après !

Kmôhoûn, rassuré pour la suite de ses projets, comprend qu’où nous en sommes, tout nouvel atermoiement pourrait être considéré comme une injure. Les dernières brumes blanches sont dissipées par nos soins empressés et — en avant le panorama ! Une sierra lisse et neigeuse couronnée de cimes roses comme à l’aurore, — un massif plus considérable, plus lilial et plus lisse encore — et peut-être aussi des forêts — apparaissent :

— Ah ! c’est bien parce que j’ai peur de toi ! murmure la belle Célestine. Ah ! passionné !…

Certes, je n’explore que légèrement « contraint et forcé », mais je commence à prendre plaisir à mes découvertes : — Je m’abîme en leur splendeur — et c’est un délicieux cataclysme…

Je ne dirai plus jamais de mal des personnes… un peu fortes.

C’est incroyable ce que Kmôhoûn a fait de moi. Je fus à une époque assez gentiment débauché,