Page:Nau - Force ennemie.djvu/209

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quand je serai libre, le père Froin ne m’écoute plus, il court déjà aussi vite que son rhumatisme le lui permet.

Un quart d’heure plus tard, je suis allongé sur mes matelas, dans mon ancienne chambre (il n’est plus question pour l’heure d’appartements-souricières ni de gardiens-titans). Un bandage antiseptique apaise un peu la douleur que me cause ma blessure et le Directeur, assis dans un fauteuil, gourmande sans trop de férocité le triste Léonard dont les moustaches pendent, éplorées.

— J’aurais dû vous flanquer à la porte, conclut le Dr Froin, mais comme j’avais toujours été assez content de vous, comme, de plus, les malades souffrent parfois d’un changement d’infirmier, je vous fais grâce pour cette fois-ci. Oh ! par exemple, si vous vous rendez coupable de la moindre négligence désormais, votre compte est bon ! Vous ne vous en tirerez pas avec un renvoi pur et simple !…

Qu’entend-t-il par là, le « Patron » ? Il réussit à prendre une physionomie assez formidable qui me semble, — me suis-je trompé ? — rassurer pleinement Léonard.

Quand le père Froin nous a quittés, mon gardien s’approche de mon lit et me dit, un peu ému, et sa figure a une impayable expression de honte, de remords et d’innocente fripouillerie :

— C’est un bien brave homme que le Dr Froin, mais, ’coutez, monsieur Veuly, je suis-t-humilierrr…