Page:Nau - Force ennemie.djvu/229

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Ils sont à peu près calmes aujourd’hui et leurs gambades n’ont rien de vertigineux. L’un donne des coups de genou aux barreaux de sa grille, ce qui ne l’empêche pas d’exécuter en même temps un pas de gigue peu frénétique ; l’autre semble plutôt saboter une bourrée ; il glousse un petit rire que l’on dirait sarcastique ; tous deux bavent avec douceur :

R’muchez donc à gauche ! fait Léonard agacé. Vous allez l’admirer, l’objet (il prononce l’ogjet) « qui embellit l’endroit ».

Un troisième antre grillé me révèle peu à peu ses arcanes.

D’abord je ne devine qu’une forme confuse : Un homme de petite taille semble accroupi sur le sol. En regardant un peu plus longtemps, j’entrevois une casquette de jockey, des bottes et un pantalon réduit à l’état de dentelle.

À présent, le pygmée se lève, fait deux ou trois pas sans se douter qu’on l’observe. Il porte un seau qu’il dépose à ses pieds et s’accroupit de nouveau, cette fois en bonne lumière ; armé d’une petite pelle à feu il extrait du seau… des ordures…

… Je suis forcé de m’éloigner, sans toutefois le perdre de vue. Le pseudo-jockey lâche sa pelle et — de ses mains velues — confectionne de petits gâteaux plus ou moins semblables à ceux que fabriquent, avec le sable des plages mondaines, de très jeunes bourgeois déguisés en marins. — Puis il se prosterne devant ses œuvres et paraît dévotement les adorer. Ô Pygmalion !