Page:Nau - Force ennemie.djvu/239

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fortement étudié le dialecte de mon sosie dont l’élocution est facile à imiter grâce à l’exagération même de son accent cauchois et de son nasillement. Je parle « le Patoulet » comme ma propre langue et ma phrase a été particulièrement heureuse en ceci qu’elle justifie encore une fois la réputation de surhumaine muflerie acquise par le gardien contrefait.

Léonard poursuit son chemin sans s’étonner et je marche de plus en plus vite vers la sortie. Allons, bon ! La mère Grollon, la concierge, est sur sa porte. Bah ! heureuse circonstance, après tout. Pas de lumière à redouter, pas de maladresse à commettre en rabattant trop ou trop peu mon chapeau sur mon nez :

Qui k’ c’est, msieur Patoulet ? me crie la sentinelle enjuponnée. J’ai bonne envie de point tirer la ficelle pour vous quitter passer. Vous r’voilà n’aute fouès parti à couri’ à c’t’heure ! C’est-y ’core la p’tite bonne à Lenient qui vous « travaille les sangs » ?

— ’Dites rien, mame Grollon : ya du bon côssy (cassis) chez Lenient. J’vas vous en « tracher » un fond d’côrôfon et une bonne cigare pour vot’monsieur.

— ’cré Jacquot, va ! s’exclame la femme au cordon…..

Et je suis sur la route ; et ç’a été si facile ! — Ce n’est que maintenant que j’ai peur !

Je ne veux pas courir. Prendre le « pas mili-